A – L H.Blanc expose à la galerie Lionelle Courbet du 12 mai au 11 juin à Paris (Exposition collective)

 

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Qu’est-ce qu’au fond que l’aura ? Un singulier entrelacs d’espace et de temps : unique apparition d’un lointain aussi proche soit-il.

Walter Benjamin

 

Il faudra sans doute entrer dans ce travail autrement que par le simple regard. Ne pas se contenter de cette ligne d’horizon, de ces ombres flottantes, de ces espaces intermédiaires, ni même de ces interstices. Ce qu’il faut voir est au-delà. Certes, l’œil y perçoit, y saisit une impression, une sensation de paysage, de végétal mais l’intention n’est pas là ! En cela il appelle une autre manière de regarder et de voir.

Ce qui est là sous nos yeux n’est pas ce qui est, et ce qui demande de s’attarder. Car là n’est pas ici la véritable présence qui anime le paysage, mais bien « ce » qui le constitue, « ce » qui fait l’humus du Lieu. Le paysage n’est qu’en apparence saisi, même s’il est en réalité saisissement.

Ce qui est là, se nourrit d’une présence au-delà de leur surface où chaque surface qui tremble et s’organise (…) ouvre essentiellement sur le dehors [1] ; d’un dehors qui lui confère une substance dépassant la seule représentation. Dès lors, le paysage devient pré-texte, dans un aller-retour subtil entre l’œuvre représentée, l’œil qui la perçoit, la mémoire qui désormais lui confère souffle de vie.

Car ces œuvres animent et s’animent par l’intelligence rusée [2] qu’elles suscitent. Elles conduisent le complice de l’œuvre, celui qui la regarde, à mobiliser sa mémoire plus sûrement que son regard. A la fois réflexives et sensorielles, elles agissent tel un miroir et exigent du regardeur qui s’y plonge, un lâcher prise.

Espace et temps, esprit du lieu et impermanence sont convoqués en un seul regard. Et les figures qui s’y entremêlent font lien, ouvrent des franchissements possibles à ce qui, dans un même mouvement, retient la mémoire et la libère, pour retrouver cette forme qui pourtant continue d’exister, mais derrière nous, au-dessus, autour, lointains où ne s’accumule plus que l’être de notre passage, crête d’où déjà ne ruisselle plus que l’éternité de l’instant [3].

Restituer ce qui a été.

Anne-Laure H-Blanc, janvier 2015

 

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