Exposition « Absence » au château de la Veyrie

Exposition « Absence » Mémoire d’un lieu vacant 
Collection d’art actuel au château de la Veyrie
Exposition du 26 mai au 16 septembre 2018

Rompant avec la tonalité des trois éditions précédentes, le château de la Veyrie transforme, à l’occasion de la saison estivale culturelle 2018, ses pièces délabrées en appartements habités. Rendus à la lumière et au public depuis quatre ans le temps des expositions thématiques artistiques, les espaces du château deviennent pour l’édition 2018 lieux de vie fantomatiques, jalonnés de mobiliers épars, de souvenirs diffus, et de toute sorte d’objets d’agrément qui semblent voués à l’oubli.

Disposés çà et là au coin d’une table ou accrochés non loin d’un canapé dans le halo jaunâtre d’un vieil abat-jour, la plupart de ces objets puisent dans une collection d’art. À la fois éléments du décor et sujet de l’exposition, ils voisinent – relégués au rang de composants d’ambiance – avec d’autres objets, affectifs, emprunts de mémoire, ou bibelots décoratifs, semblables à ceux qui peuplent nos intérieurs domestiques. Cette proximité voit la frontière entre art et non art s’estomper. En affectant notre perception, elle questionne le statut de l’œuvre et nous renvoie aux appartements du collectionneur. Nombre de formes et support artistiques se trouvent rassemblés – différentes créations imprimées, sculptures, peintures, photographies, objets, œuvres sonores et multimédia – réalisés durant les dernières décennies et émanant d’artistes de notoriété variable.

Jouant du contraste entre emménagement et dénuement du château, Absence fait discrètement référence aux lieux de résidence vétustes ou abandonnés, fastueux en leur temps, érigés en place d’art telle la villa Cameline pour n’en citer qu’un, non sans similitude avec la résidence secondaire des Keller à la belle époque.

En cet été 2018, les salles de la Veyrie se muent donc en décor dont les traces de vie jettent un pont entre deux âges, entre présences passées et vacances d’aujourd’hui, entre l’ère de la modernité industrielle à laquelle les Keller œuvrèrent là, entourés de leurs proches familles et collaborateurs, et le siècle actuel qui, si les efforts de la ville de Bernin aboutissent, érigera durablement le public en nouvel occupant du lieu.

Gilles Fourneris Commissaire d’exposition

Entrée libre samedi et dimanche de 14h à 19h
Ouverture sur demande : veyrie@bernin.fr

Exposition Jeanne Susplugas au Centre d’Art Bastille

Exposition Jeanne Susplugas She’s lost control again
Exposition du 29 avril au 24 juin 2018
Vernissage le samedi 28 avril 2018 entre 18h et 21h

She’s lost control again est la première exposition personnelle de Jeanne Susplugas à Grenoble. Pour cette exposition au Centre d’art bastille, elle présente un ensemble d’œuvres qui permettent d’appréhender les différentes facettes de son travail.

L’œuvre de Jeanne Susplugas s’articule autour de l’enfermement, de la souffrance discrète que secrète la vie domestique ou familiale, des addictions. Sa démarche fait souvent appel aux récits ou aux histoires personnelles, qu’elle collecte pour mieux ausculter les maux de la société.
Explorant la figure de la maison, du foyer, entendu à la fois comme lieu de protection contre un monde extérieur potentiellement hostile, et comme lieu de repli sur soi, de claustration, voire de huis-clos et de violence, Jeanne Susplugas se penche aussi sur le motif du médicament qui, anxiolytique ou barbiturique, vient former un contrepoint à cette souffrance discrète en même temps qu’elle en constitue la métonymie.
Loin d’être démonstratif, le travail de Susplugas entretient un rapport en apparence ténu avec ce qu’il énonce, et présente le plus souvent une forme minimaliste, dont les corps sont presque toujours absents. Ses œuvres semblent neutres, voire séduisantes ou ludiques au premier abord, et il faut les approcher, au sens propre comme au sens figuré, pour pouvoir observer le message qu’elles délivrent. C’est ce qui leur donne toute leur dimension, et permet de renforcer l’idée selon laquelle derrière les surfaces ou les façades lisses, peuvent se dissimuler la souffrance ou l’addiction.

Certaines pièces de l’exposition ont adopté cette forme minimaliste. C’est le cas de Nature morte (2015-2017) qui, dans un matériau – la céramique – uniformément blanc, immaculé, figure des corbeilles de fruits dans lesquelles ont été discrètement posés des médicaments qui semblent ainsi s’inscrire de manière définitive dans le paysage domestique. C’est aussi le cas de la pièce intitulée Graal (2013, collection privée), qui figure un comprimé de Lexomil (célèbre anxiolytique) de 12cm de haut, en cristal, lequel, sectionné en trois parties, semble prêt à être consommé. C’est encore le cas
de Light House (2013), cage de lumière ovoïde de 2,80m de haut dans laquelle le visiteur est invité à s’installer de manière à en éprouver le son sourd et la lumière blanche, le renvoyant sur un mode soft à la solitude, aux fausses promesses des drogues douces, à l’expérience de la dépendance.

D’autres œuvres, plus récentes, semblent faire plus directement écho au titre de l’exposition, She’s lost control again – (« elle a à nouveau perdu le contrôle ») – emprunté au titre d’une chanson écrite par Ian Curtis et interprétée par Joy Division : dans ces pièces, Susplugas brise le carcan de la discrétion et du minimalisme bienséant, et le fait littéralement exploser.


Jeanne Susplugas est née en 1974, à Montpellier.
Elle vit et travaille à Paris.
Elle est titulaire d’un doctorat d’Histoire de l’art de la Sorbone, Paris (2000).

Le travail de Jeanne Susplugas a été montré dans de nombreuses institutions en France et à l’étranger dont la Villa Médicis (Rome), la Maison Rouge-Fondation Antoine de Galbert (Paris), le Palais de Tokyo (Paris), le Musée d’Art Moderne de St Etienne, le Musée de Grenoble, le KW à Berlin, Pioneer Works à Brooklyn, la Emily Harvey Foundation à New York, la Maréchalerie centre d’art à Versailles, le Palazzo delle Papesse à Sienne, le Fresnoy National Studio, le Musée en plein air du Sart Tillman à Liège, le Shanghai 21st Century Minsheng Art Museum, le FRAC Haute-Normandie, la Margaret Lauwence gallery de Melbourne, la Marymount Manhattan College Hewitt Gallery à New York, le Centre d’art Le Lait à Albi, Art in General à New York, Magacin gallery de Belgrade, le Wyspa Institut of Art à Gdansk, La Piscine-Musée d’Art et d’Industrie à Roubaix, au MOCCA de Toronto ainsi qu’à l’occasion d’évènements tels Constellation (pré-ouverture du Centre Pompidou-Metz), Dublin-Contemporary, la Biennale d’Alexandrie, l’International Videonale à Detroit, au Dashanzi International Art Festival ou Nuit Blanche à Paris.

Télécharger le communiqué de presse de l’exposition :
http://www.cab-grenoble.net/pdf/cp_jeanne_2018.pdf


Infos pratiques
L’exposition sera ouverte tous les jours sauf le mardi de 11h à 18h.

Pour bénéficier gratuitement du téléphérique entre 18h et 20h le soir du vernissage, une contremarque sera téléchargeable sur le site internet du CAB :
https://cab-grenoble.net/pdf/contremarque_jeanne.pdf

Qui est l’autre ?, de Marc Augé

Anthropologue de grand renom, Marc Augé a toujours été préoccupé par la question de l’autre : l’autre individu, l’autre société, l’autre culturel, l’autre géographique.

Dans ce livre, il entraîne son lecteur des stades des grandes villes aux lagunes de la Côte d’Ivoire ; il s’interroge sur le sens du cannibalisme, les rêves des Indiens du Venezuela ou la fonction des héros des séries américaines.

Après plus d’un demi-siècle d’observations, il revient ici sur les relations entre le même et l’autre, telles qu’elles existent au sein de populations africaines ou amérindiennes, et telles qu’elles se dessinent de nos jours, dans le contexte de la mondialisation. L’art, la ville et son expansion galopante, mais aussi les nouvelles mobilités et l’essor des prosélytismes religieux, acquièrent, sous le regard de l’anthropologue, un sens inédit.

Il faut savoir pratiquer l’« art du décalage » et se tenir au « carrefour des incertitudes » si l’on veut échapper à l’uniformité, à la fatalité qui voudrait que l’on soit tous les mêmes.

Marc Augé est l’un des plus grands anthropologues français. Il a présidé l’EHESS, où il a succédé à Fernand Braudel, Jacques Le Goff et François Furet.
Il est l’auteur d’une quarantaine d’ouvrages qui font autorité. Il a notamment publié Génie du paganisme, Non-lieux ou bien encore Une ethnologie de soi, et plus récemment La Sacrée Semaine qui changea la face du monde, qui fut un grand succès.

Liquidation de l’art, de Karel Teige

« L’artiste professionnel est une erreur et aujourd’hui, dans une certaine mesure, une anomalie. »

Et l’art est le manuscrit immédiat de la vie.

Liquidation de l’art contient les premiers écrits de Karel Teige et jette les bases théoriques d’une nouvelle création où “le nouvel art ne sera plus l’art”. En témoignent les reproductions nombreuses et étonnantes qui émaillent ces textes comme ils illustrent parfaitement l’alliance, à première vue incongrue, entre poétisme et constructivisme.

Traduit du tchèque et présenté par Sonia de Puineuf.
Image de couverture : Karel Teige.

 

Éditorial, avril 2018

Le terme d’Art Contemporain est un concept qui qui tente de « promouvoir » l’art de notre temps actuel comme opposition à celui d’avant.

Peut-on scinder un fleuve en périodes ?
Est-il plus ou moins intéressant ?
Je ne me lancerai pas dans une exégèse roborative.
À vos cerveaux pour savoir ce qu’il en est pour vous.

Dans la vraie vie, ceux qui ne sont pas artistes mais sensibles à cet art de leur époque voire les autres, peuvent néanmoins « agir »en faveur de celui-ci.

C’est pourquoi nous vous invitons ardemment à rejoindre les « Amis du Magasin » de Grenoble pour l’année 2018.

Vous verrez sur le compte-rendu que nous faisons une proposition d’intervention dans l’auditorium.

Il est bon de revisiter les expériences positives qui se sont déroulées à Grenoble dans les années 90. Il serait encore meilleur que nous réveillions une certaine idée de l’art comme partie de nos vies et creuset d’énergies.

L’époque parle beaucoup d’énergie ; à chaque détour de phrase, dans quasi toutes les discussions, qu’elles concernent la diététique, la pensée, nos amitiés, le climat etc.

Je vous « prie » donc de nous fournir les vôtres tant il est vrai que l’on est plus efficace quand on est nombreux.

Sylvie Berthemy