Visite des amis du magasin au Basculeur et à Moly Sabata

En un temps record !

Découvrir 13 artistes issu‧e‧s de trois continents, qui plus est entre Bièvre et Rhône, telle fût la gageure des « Amis du Magasin » en ce 1er novembre 2025 !

Bien sûr, dans notre approche, il ne s’agit nullement de battre quelque record que ce soit. Reste à souligner l’incongruité de découvrir de telles richesses en matière d’art contemporain, en territoire rural. Un bel exemple de la poursuite de la politique de décentralisation par les collectivités territoriales et notamment le Département de l’Isère, mais aussi la DRAC Rhône-Alpes, la Région Aura et la Communauté de Communes « Entre Bièvre et Rhône »1. Sans oublier la complicité des artistes et des galeries qui les représentent.

Tout d’abord, Le Basculeur, lieu fondé en 2019 par Dominique Blain, présidente et co-directrice et Marc Chopy, co-directeur, situé à 25 minutes 2 montre en main, du lieu de résidence d’artistes, Moly Sabata, géré par Pierre David, à Sablons.

Avec l’exposition Dormir, nous avons découvert le travail de 3 artistes 3 parmi lesquelles Caroline Schmoll, céramiste suisse basée à Lyon. Soulignons que certaines œuvres ont été produites à l’occasion de cette exposition grâce à un budget de production dédié, dont une fontaine qui accueille les visiteurs. Un accrochage réalisé in situ, ponctué par des temps de performances tout au long de cette exposition qui se tiendra jusqu’au 29 novembre 2025.

Puis, nous avons rejoint Moly Sabata pour le « finissage » de l’exposition annuelle Entr’actes qui présentait le travail de dix artistes4 issus de 3 continents (Argentine/Japon/Europe). Fil conducteur de cet accrochage : les œuvres de Zoé Williams, accueillie en résidence à Moly Sabata durant l’été 2025. Dessins et céramiques, en partie, produits sur place rythmaient l’exposition. Dix artistes de différentes générations réunis ici, le temps d’une exposition réveillant la mémoire du lieu et de son voisinage.

1 – L’ADAGP, Copie privée, Cultur Ireland, la Collection « Alain Cervantès » et la commune de Sablons ont été mécènes de l’exposition à Moly Sabata.

2 – Le basculeur, 193 route du stade 38270 Revel-Tourdan. Une précision : déplacement en voiture, plus compliqué en transports en commun !

3 – Artistes présentées au Basculeur : Alice Marie Martin, Aria Rolland et Caroline Schmoll

4 – Artistes présentés à Moly Sabata : Semiha Berksoy (TR), Léonor Fini (AR), Kentaro Kawabata (JP), Antoine Marquis (FR), Nick Mauss (US), Juliette Roche (FR), Mathias Roche (FR), Anne Ryan (IE), Marikje Vasey (BE), Zoé Williams (UK).

Exposition Les couleurs du réel à l’Espace Vallès

L’Espace Vallès accueille l’exposition collective Les couleurs du réel, présentant les travaux d’artistes de l’agglomération grenobloise et de la région AuRA
Camille Boileau, Claudia Masciave, Stéphane Billot et Gabriel Ott

Exposition du 22 novembre au 20 décembre 2025
Vernissage samedi 22 novembre à 18 h, en présence des artistes
Exposition ouverte au public le même jour dès 14 h

• Conférence de Fabrice Nesta – « De l’usage de la couleur » jeudi 4 décembre à 19 h

Plus d’infos…

Peintresses en Europe, 1550-1850, conférence de Virginie Piotrowski

Conférence de Virginie Piotrowski au Magasin le samedi 22 novembre à 14h30
Entrée ouverte à tous les visiteurs du Magasin (gratuité pour les adhérents des Amis du Magasin)

L’utilisation du terme peintresse, attesté dès le XIIIe, tour à tour péjoratif ou revendicatif, est le signe d’une longue histoire des peintres femmes, néanmoins grandes absentes de notre récit moderne de l’histoire de l’art. 

La conférence fait état de la recherche actuelle sur ces femmes autrefois célèbres, et de leur nécessaire réhabilitation qui dépasse largement le problème de l’injustice : occulter les artistes femmes revient à occulter tout un pan de cette histoire de l’art, ses sujets, ses débats esthétiques ou encore des manières de faire et de transmettre. A l’heure où 62 % des effectifs des filières artistiques et culturelles sont des femmes, il semble essentiel de rappeler que leur présence dans l’art n’a pas commencé avec les impressionnistes. 

Virginie Piotrowski est plasticienne, diplômée de l’école d’art de Dunkerque, et maitresse de conférence à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble.

Exposition Artistes en atelier, de David Richalet à Alter-Art

David Richalet photographie depuis plusieurs années les artistes de la cuvette grenobloise, dans leurs ateliers. Parmi eux, beaucoup que nous connaissons et dont nous avons visité les ateliers. Vous pouvez retrouver une partie de cette série sur son site, à l’adresse :
https://davidrichalet.myportfolio.com/artistes-en-ateliers (ou vous verrez entre autres Jean-Pierre Angei, Gilles Balmet, Fabrice Nesta – visites récentes, et Virginie Piotrovski que nous avons invité pour une conférence au magasin le samedi 22 novembre).

Il expose actuellement à la galerie Alter-Art, rue Saint-Laurent à l’occasion des la sortie de son livre, qui compile un certain nombre de ces clichés, chacun des artistes accompagnant son image d’un texte évoquant son atelier, et sa pratique.

• Exposition du 16 octobre au 16 novembre 2025 du jeudi au dimanche de 14h30 à 18h30
• Présence du photographe et dédicace du livre Artistes en atelier tous les samedis et dimanches
• Finissage le samedi 15 novembre à 18h

Ci-dessous la préface du livre, par Benjamin Bardinet

Si la plupart des artistes-plasticiens aspirent à montrer et à exposer leurs réalisations à un public qu’ils espèrent nombreux, ils éprouvent parfois plus de mal à ouvrir la porte de leur atelier et à dévoiler ce qui s’y trame.

Avec cette série au long cours réalisée dans les ateliers d’artistes, David Richalet s’attache à dévoiler avec respect ce qui se trame dans l’intimité de cet espace de création pour mieux en interroger les spécificités. En quoi cet environnement est-il favorable à l’acte créatif? Comment influence-t-il la création? Quelles en sont les contraintes et les atouts? Est-ce que ce qui est propice à la création pour l’un de ces artistes n’est pas perçu comme néfaste par un autre?

Pour faire advenir au mieux ces questions à l’esprit du regardeur, David Richalet n’adopte pas un protocole photographique strict. En fonction de la nature du lieu et de la personnalité de l’artiste qu’il photographie, il va opter pour la technique et l’approche qui lui semblent les plus appropriées. En effet, le format panoramique permet de rendre compte de la pleine mesure de l’espace de certains ateliers tandis que le travail à la chambre photographique se prête bien à des artistes à l’aise avec le jeu de la pose ; enfin le format traditionnel numérique permet de se faire plus discret si l’artiste accepte d’être photographié à l’ouvrage.

Car c’est là en effet une des particularités de cette série photographique: plusieurs de ces artistes sont photographiés à l’œuvre. On les voit travailler au sol, sur un chevalet ou une table. Toujours concentrés, appliqués ils évoluent dans un environnement souvent encombré de tout un tas de choses. On y distingue des œuvres inachevées, d’autres à peine esquissées on devine des expérimentations diverses et surtout on prend conscience de la diversité des matériaux nécessaires à ces réalisations: pots de peintures, de colle, pinceaux de toutes tailles, nombreux crayons, toiles, châssis, tasseaux de bois, carton… L’univers créatif de chacun de ces artistes est ainsi autant constitué par ce qu’il crée que par la matière première dont il tire parti pour donner forme à ses créations.

Certains écoutent la radio, d’autres exigent le silence le plus total. Plusieurs évoquent la notion d’intimité et beaucoup conçoivent leur atelier comme un cocon, un lieu refuge tandis qu’il apparaît parfois comme une caisse de résonance du monde extérieur. Lieu de la transformation et de la métamorphose des idées en une œuvre ou d’une émotion en un geste, il est aussi pour certains une sorte de laboratoire où on peut s’adonner librement à des expériences esthétiques dont on ne sait pas toujours où elles mènent. Ce goût pour l’expérimentation, cette place laissée à l’aléatoire, cette attention portée aux détails, et ce désir de manipuler la matière: c’est ce qui transparaît indéniablement à l’observation de cette série. Ces ateliers ont en commun d’être le lieu qui répond à l’impérieuse nécessité de faire et de créer dans un monde de plus en plus aseptisé dont certaines réalisations ne sont parfois plus que l’aboutissement d’un processus programmatique orchestré par des algorithmes.

Ainsi, plus encore que des cocons ou des lieux refuges, les ateliers photographiés par David Richalet apparaissent comme autant de lieux de résistance qu’une pulsation créatrice régénérante, fondamentale vient animer, celle de l’artiste. 

Benjamin Bardinet

Exposition Jean-Pierre Angei au Vog-Fontaine

• Exposition du 7 novembre 2025 au 10 janvier 2026
• Vernissage le vendredi 7 novembre à 18h

• Rencontre avec l’artiste pour une visite de son exposition, suivie d’un échange samedi 22 novembre à 16h.
• Conférence d’histoire de l’art animée par Fabrice Nesta « Photographie, matière et effet» samedi 29 novembre à 16h
• Atelier d’art plastique avec Jean-Pierre Angei : L’atelier explore l’empreinte sur papier de soie, façonnée à la main pour lui donner volume et présence samedi 13 décembre de 15h à 17h. sur inscription auprès du VOG.

Jean-Pierre Angei est un photographe franco-italien, né en 1968, qui vit et travaille à Grenoble. Depuis plus de trente ans, il construit une œuvre qui cherche à révéler ce qui demeure essentiel dans l’expérience humaine : l’authenticité, la dignité, la trace. Ses portraits d’ouvriers, de maraîchers, de détenus ou encore de simples voisins se distinguent par leur intensité et leur sobriété. Loin de l’anecdotique, ils mettent en lumière la profondeur de chaque existence et témoignent de la force silencieuse de l’humain dans son quotidien.

La notion de trace est au cœur de sa pratique. Traces laissées sur les visages et les corps, traces inscrites dans les paysages, mais aussi traces que l’image elle-même conserve malgré la fuite du temps. Dans ses séries consacrées aux lieux, Jean-Pierre Angei s’attache à observer la façon dont l’homme façonne son environnement et comment, en retour, ce dernier façonne la mémoire colective. Ses photographies de montagne, réalisées depuis les télécabines en hiver, traduisent ce rapport fragile : les empreintes laissées sur la neige deviennent autant de signes éphémères, qui condensent une histoire en train de s’effacer. À travers ce point de vue aérien, l’artiste révèle la précarité des infrastructures comme celle de l’être humain face à l’immensité du paysage.

Avec l’exposition présentée au VOG, À la surface des choses, un temps suspendu…, Jean-Pierre Angei explore une autre dimension de cette réflexion sur la mémoire et la disparition. Ce travail, initié il y a vingt-cinq ans, prend pour point de départ le Polaroid. Au fil des années, l’artiste a colecté plus de 4 000 images instantanées. Mais au lieu de conserver l’image principale, il choisit de sauver ce qui est d’ordinaire jeté : la dorsale, cette surface secondaire et silencieuse, marquée par l’empreinte résiduelle de la photographie.

Ces fragments portent en eux la trace fantomatique d’une image disparue. Ils deviennent une matière plastique et poétique que l’artiste manipule, détourne et réinterprète grâce à différents procédés techniques. Le spectateur est ainsi confronté à une image paradoxale : une surface à la fois témoin et absence, présence et disparition.

Les formes qui apparaissent sur ces dorsales sont souvent abstraites, mouvantes, incomplètes. Mais c’est précisément dans cette incomplétude que réside leur force. Eles solicitent la mémoire et l’imaginaire du regardeur, qui peut y projeter ses propres souvenirs. Chaque image agit comme un réceptacle ouvert, une surface sensible où se recomposent des fragments de mémoire commune. Dans cet espace entre le visible et l’invisible, le spectateur est invité à coler ses propres histoires, à réactiver ce qui, en lui, résonne avec l’image.

Ainsi, à travers ce geste de réhabilitation d’une partie oubliée du Polaroid, Jean-Pierre Angei nous convie à une expérience à la fois intime et universelle. Ses images ne montrent pas seulement ce qui a été, elles rappellent que la photographie est aussi un lieu de manque, de fragilité et de projection. Entre disparition et persistance, eles ouvrent un temps suspendu, où l’image devient mémoire partagée.

Jean-Pierre Angei expose au VOG dans le cadre des journées de la photo, organisées par la Maison de l’image.
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