Exposition Christine Coblentz à la galerie Ex Nihilo

2015 Magasin ©Christine Coblentz

Exposition n’en fais pas une histoire…
du 8 mars au 8 avril 2023, du mercredi au samedi, de 15h à 19h.
Galerie Ex Nihilo, 8 rue Servan à Grenoble

n’en fais pas une histoire…

 « Il paraît que certains artistes ne développent obstinément qu’une seule idée dans leur vie ; ils la présenteraient sous différents aspects… C’est peut-être mon cas. Ordre et désordre, cycle vie et mort, la poussière qui prend forme pour redevenir poussière, l’instant d’après ou dix mille ans après, ordonner mon désordre ou celui de la poussière ? »

Le chemin artistique de Christine Coblentz n’a pas débuté en école des beaux-arts, (elle sera professeur de lettres), mais à travers cours du soir, ateliers de peinture, nombreux voyages culturels à la découverte des musées en France et à l’étranger…  qui l’ont amenée à élaborer une écriture créative multiforme.  Dessin, peinture, sculpture et photographie se sont affirmés en parallèle. Les différentes techniques s’articulent et dialoguent au gré de nombreuses expositions. 

Christine Coblentz s’attache souvent à la métaphore du tissage pour décrire son travail dans la durée : des fils qui s’entrecroisent et s’emmêlent d’une manière aléatoire. Se créent des nœuds, des intersections, des convergences…

La photographie… comme une variation de l’empreinte rejoint l’estampage

« La photographie est arrivée insidieusement dans mon travail. Pour une utilisation pratique d’abord : enregistrer des documents. Puis rapidement, pour ses infinies possibilités. Ce n’est pas la technique qui m’intéressait, mais bien l’ajustement des résultats à l’expression de mes obsessions. Jouer avec l’aléatoire, conserver les « défauts » quand ils introduisaient une dérive dans la lecture de l’image, découvrir les correspondances avec l’estampe dans le bain « révélateur » et bien sûr jouer avec une vraie ou une fausse mémoire…Recréer un autre univers s’éloignant de la réalité… »

Le regard photographique exprime une nécessité absolue d’immortaliser l’éphémère, de prolonger la vie et fixer le temps. Un aller et retour entre la vie et la mort. Une sorte d’archéologie. Conserver une trace. Peintures et dessins sont revisités par l’objectif de l’appareil. La photographie permet le focus, le grossissement, le recul, la mise en scène d’un détail.  « Ma façon de photographier était comme pour le dessin, une démarche faite d’hésitations, d’éloignement du sujet, de retours en arrière, de tâtonnements, de lenteurs et parfois d’évidences. »

L’artiste a photographié paysages et lieux en perpétuelle transformation ou voués à la destruction: le Magasin (CNAC) en train de se construire, Valisère une ancienne usine, la montagne de gypse de Mazan lui rappelant l’un de ses dessins imaginaires, les carrières de sable de Bédoin dans le Vaucluse …

 « Les états de choses » successifs, en référence au titre d’une exposition, s’opèrent aussi avec la matière vivante : des poivrons desséchés, en se décomposant, deviennent petits points de poussière et au travers de la photographie se transforment en un paysage ou une ligne d’horizon sur papier. La grenade, fruit du grenadier, se momifie dans son vieillissement et prend des formes singulières, les nuances d’ocre très prononcées rappellent la couleur des sables du Vaucluse. Quant à la betterave pourrissante, elle se métamorphose en objet non identifié… 

Changer de regard, donner une nouvelle vie et créer un nouveau sens. En une relecture permanente, travaux anciens et œuvres plus récentes se côtoient et prennent une résonance nouvelle croisant son parcours de vie.

Anne-Marie Guigue, mars 2023
https://christinecoblentz.com

Performance de Rebecca Bellantoni avec Rowdy SS

Perpetual disclosure. Deep topography. Revelation (CMYK)

Le 11 mars 2023, à partir de 18h30

  • Entrée libre
  • Performance suivie d’un cocktail et visite nocturne de l’exposition collective La Position de l’Amour
  • Tout public.

Performance

Pour clôturer l’exposition La Position de l’Amour, le Magasin CNAC  vous présente la première et unique date en France de Rebecca Bellantoni. Cette nouvelle performance spécialement conçue sur invitation du Magasin CNAC avec le soutien de Fluxus Art Projects.

Nouvelle étape importante du travail de l’artiste, ce projet intitulé Perpetual disclosure. Deep topography. Revelation (CMYK) invite les esprits, les âmes et les corps à se fondre dans la ville et nous convie à embrasser une relation de réciprocité avec notre environnement, ses matériaux, ses habitants et habitantes, et ses histoires — passées, présentes et futures.

Considérant les potentiels métaphysiques de nos contextes urbains, cette performance est pensée comme une invitation à s’ouvrir davantage à la spiritualité quotidienne.

L’artiste sonore Rowdy SS accompagne Rebecca Bellantoni et le public tout au long de cet itinéraire dans une expérience sonore, vibrant à travers et avec les corps, amplifiant les pensées, émotions et imaginations régénératrices.

Née à Londres, Rebecca Bellantoni est une artiste d’origine caribéenne dont le travail explore et traduit les événements du quotidien à travers le prisme de l’écriture des femmes noires (fictionnelle et non fictionnelle), de la métaphysique, philosophie, religion et spiritualité, ainsi que de l’esthétique qui se rattache à elles. Sa pratique artistique inclut tout autant l’image en mouvement, l’installation, la performance, la photographie, les textiles, la gravure, la sculpture, la verrerie, les textes sonores, que la céramique. Elle étudie les notions de « réel » accepté, attendu, ou expérimenté, en réfléchissant aux moyens possibles de rompre les frontières qui les séparent.

Né et basé à Londres, Rowdy SS est un artiste qui travaille sur l’intersection entre le son, la musique, la danse et le mouvement. À travers des performances, des happenings et des installations, il sonde et façonne nos relations avec l’espace. Ses oeuvres enchevêtrent, et parfois simplifient, les façons dont nous utilisons notre physicalité et la technologie pour communiquer spatialement. 

Exposition Léa Habourdin à la Halle de Pont-en-Royans

Images-forêts : les persistantes
Léa Habourdin

Exposition du 21 mars au 27 mai 2023
Vernissage samedi 18 mars à 18h

En partenariat avec la Villa Glovettes

Léa Habourdin est photographe. L’objectif de sa caméra se pose sur des êtres menacés et des espaces sauvages en Europe. Cette sensibilité accrue pour ce qu’il reste d’intouché et pour les formes des vies évoluant hors de portée humaine, prend la forme de séries de photographies qui enquêtent sur les liens entre l’homme et l’animal, la survivance et la résilience des espèces. Dans ce spectre large du vivant, Léa Habourdin a choisi aussi bien de suivre les traces de rapaces sauvages ou de pigeons voyageurs, que de capter en image des campagnes aux modes de vie désuets ou encore des milieux naturels vulnérables, à préserver.

Depuis 2019, elle explore les forêts intouchées de France avec des chercheuses et chercheurs. Ce corpus d’œuvres, Images-forêts, questionne aussi bien la précarité de ces écosystèmes que le défi (sociétal) que représente leur existence et persistance. Sans négliger l’impact environnemental de sa propre production, l’artiste s’est engagée à tirer ces images uniquement avec des pigments naturels ou avec des techniques anciennes, l’anthotype en particulier.
Cette série se poursuit en 2022-23 grâce à la résidence dans le Vercors où Léa Habourdin a poussé ses recherches dans les bois avoisinants. Ici, elle a ouvert son répertoire à des forêts à caractère « naturel » et « personnel », c’est-à-dire non classées comme telles par les scientifiques, mais portées à ce rang par les gens qui les fréquentent. En découlent des images sur textile, teintes avec les plantes locales, à l’apparence douce et intime. Dans l’exposition, le public découvrira alors différentes photographies, certaines presque impalpables ou véritablement éphémères, d’autres plus matricielles et matérielles, aux couleurs de garance, de charbon ou encore de millepertuis. En donnant à voir ces zones sensibles et fragiles, ce sont des milieux de résistance aussi bien que de poésie que l’artiste offre aux visiteuses et visiteurs.

Biographie de l’artiste 

Née en 1985 dans le nord de la France, Léa Habourdin a d’abord étudié l’estampe à l’école Estienne puis la photographie à l’école d’Arles. Attentive à la diversité des formes de vies, sa pratique veut dessiner d’autres manières d’entrer en résonance avec les mondes. Elle observe le rapport que nous entretenons aux autres animaux, aux paysages et convoque les notions de survie, de fracture, de reconstruction pour recomposer une autre vue de ce que nous appelons « le sauvage ». Explorant des champs tels que l’éthologie, la recherche en science appliquée ou encore la botanique, elle déploie un travail en dessin et photographie où la place du livre et de l’objet imprimé est cruciale.

Son travail a été récompensé de nombreuses fois, elle a été notamment lauréate de la Carte Blanche PMU – le BAL en 2015, de la bourse de recherche du CIPGP en 2019, et de la bourse d’aide à la création du CNAP en 2020. Son travail a été montré dans plusieurs festivals : Photo Phnom Penh au Cambodge, Lianzhou festival en Chine, Photo Saint Germain à Paris, Les Rencontres de la photographie d’Arles…

En 2018 elle expose « Survivalists » au Musée GoEun en Corée du Sud et profite de l’ouverture de l’exposition pour lancer sa maison d’édition : Mille Cailloux (qu’elle dirige à présent avec Jessica Martinato) où l’acte d’éditer sera pensé comme une pratique artistique.

Plus d’infos…

Renaissance de l’association

Nous étions nombreux vendredi pour la réouverture festive du Magasin.
Notre association félicite Céline Kopp, directrice du Magasin et son équipe, tous les artistes qui ont engagé la saison autour de la programmation « la position de l’amour ».

Le vernissage fut une réussite.

Notre association a eu le plaisir de recueillir des dizaines d’adhésions et réadhésions, autant de marques d’intérêt pour la réouverture du CNAC de Grenoble et pour les futures initiatives de l’association. 

Nous remercions celles et ceux qui ont dit oui au soutien au Magasin.
Nous appelons les lecteurs de ce petit mot à adhérer aux Amis du Magasin

Notre bureau (quatre d’entre nous) va rencontrer très prochainement la direction du Magasin puis convoquer une assemblée générale pour qu’ensemble nous construisions l’avenir de nos activités auprès de l’équipe du Magasin.

Vous pouvez d’ores et déjà nous faire part de vos attentes et propositions.
Tout est à construire.
Vous pouvez également contribuer à élargir notre association en invitant à adhérer.

Très cordialement

Le bureau des Amis du Magasin

Réouverture !

Chers Amis du Magasin

Le 18 Novembre, Céline Kopp directrice du magasin, rouvre celui-ci pour notre plus grand bonheur.
Une table d’inscription aux Amis de Magasin recueillera les adhésions de tous ceux qui veulent soutenir cette belle institution, trop longtemps mise en sommeil.
Nous vous espérons nombreux ce vendredi à 18h30 au Magasin

Sylvie Berthemy, présidente jusqu’aux prochaines élections.

Exposition Minia Baniany au Magasin des Horizons

Chers amis

Je brise ce trop long silence éditorial pour vous convier fortement à aller vous immerger dans l’exposition de Minia Babiany, jeune artiste de 32 ans.

Les circonstances exceptionnelles (jugées après coup comme telles) dans lesquelles j’ai pu la voir*, m’ont conduite à vous livrer quelques réflexions strictement personnelles.

Un moucharabieh de terre noire, grasse, sensuelle ; posé à même le sol, impose un temps d’arrêt, nécessaire à une vue d’ensemble de l’œuvre.

C’est une injonction implicite, silencieuse, à la dégustation du moment, à la lenteur, à la précaution de ce que trop souvent l’on foule sans conscience.

Bref, on ne peut courir le lieu au pas de charge, sans risquer de détruire l’harmonie du sol et en perdre son sens poétique.

Quelques petits tessons anodins semés de ci de là, racontent leurs histoires ainsi que des paniers d’osier quelque peu calcinés.

C’est par eux que se poursuit la longue déambulation de chacun dans sa petite histoire, dans la grande histoire et dans celle plus vaste de notre planète.

C’est l’une des fonctions essentielles de l’art que de permettre l’évasion, le rêve, l’exil, qui sont les garants que l’on se sente partout chez soi.

Si la phrase : « Les papillons provoquent la cécité quand ils soufflent dans vos oreilles » l’intitulé de l’exposition : « j’ai tué le papillon dans mon oreille » nous décille vraiment pour peu que l’on s’en imprègne.

Cette « traversée sonore et physique vers un au-delà », dépasse largement celui de son archipel : la Caraïbe.

Sylvie Berthemy

(*Seule pendant 1heure dans l’exposition)


Minia Babiany
Née en 1988 à Basse-Terre en Guadeloupe, elle vit et travaille à Mexico et en Guadeloupe.
Diplômée de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon, elle participe depuis 2011 à plusieurs expositions collectives et personnelles entre autres en France, au Mexique, au Costa Rica, en Colombie, en Allemagne, en Suède.
Elle est lauréate du prix Sciences Po pour l’art contemporain 2019.

Télécharger le communiqué de presse…

Exposition du 20 janvier au 7 juin 2020

 

Exposition Junya Ishigami à la fondation Cartier

Exposition Junya Ishigami, Freeing Architecture .
Du 30 mars au 9 septembre 2018

Des maquettes comme œuvres architecturales

Dans Freeing Architecture, Junya Ishigami développe ses recherches les plus récentes sur la fonction, la forme, l’échelle et l’environnement en architecture, esquissant ainsi sa vision du futur du premier art. À travers plus de quarante maquettes ainsi que de nombreux films et dessins, l’exposition présente une vingtaine de projets, de leur genèse à leur complexe processus de réalisation. Loin d’être des outils de travail préalables à la construction, les maquettes réunies dans l’exposition ont été réalisées pour l’occasion. On devine, en contemplant ces œuvres façonnées à la main et assemblées dans le studio de l’architecte pendant près d’un an, les nombreuses étapes et le travail minutieux qui ont conduit à leur apparence finale. Toutes différentes par leurs matériaux, leurs dimensions et leur niveau de détail, elles offrent un aperçu de la lente maturation nécessaire à la création des œuvres architecturales de Junya Ishigami. Des œuvres dont la dimension poétique repose sur l’expérimentation autant que sur la théorie, le savoir et la technologie.

L’architecture comme phénomène naturel

Véritable ode à la liberté, l’exposition Freeing Architecture démontre l’étonnante capacité de Junya Ishigami à penser sa pratique hors des limites du savoir-faire et de la pensée architecturale. Elle invite à un voyage dans l’imaginaire de l’artiste, révélant une pluralité de mondes poétiques et sensibles. Une ligne dessinée dans le ciel esquisse un monument (Sydney Cloud Arch, Sydney, Australie), un collage d’illustrations et de dessins pour enfants sert de motif au toit d’un jardin d’enfants (Forest Kindergarten, Shandong, Chine). Junya Ishigami aime à penser que l’architecture peut se former naturellement, à l’image d’une pierre qui se construit dans le temps, par sédimentation et érosion. Un projet de restaurant et d’habitation pour un chef dans le sud du Japon est envisagé « comme un rocher » (House and Restaurant, Yamaguchi, Japon). Entre terre et ciel, un lieu semi-ouvert pour les étudiants d’une université évoque un ciel changeant barré par un horizon imaginaire (University Multipurpose Hall, Kanagawa, Japon).

Un nouveau paysage

Junya Ishigami conçoit l’environnement alentour comme une partie intégrante de chacun de ses projets. Il intègre le paysage dans son travail, le magnifiant toujours et allant même jusqu’à le transformer, comme dans son projet de lac artificiel à Rizhao en Chine dessiné pour laisser passer, en son milieu, une longue promenade d’un kilomètre ; ou dans celui de forêt à Tochigi au Japon pour lequel plus de trois cent arbres ont été déplacés de leur emplacement d’origine et replantés sur un terrain à proximité.

Pensée elle-même comme un projet architectural, l’exposition Freeing Architecture prend tout son sens au sein de l’environnement pour lequel elle a été imaginée : le bâtiment de Jean Nouvel entouré du jardin de Lothar Baumgarten. Minutieusement scénographiée, l’exposition dessine dans chaque salle un nouveau paysage, laissant le visiteur se promener le long d’un chemin sinueux et découvrir sans cesse de nouvelles perspectives. La gigantesque reproduction à l’échelle 1/10 d’une très haute église toute en courbes (Chapel of Valley, Rizhao, Chine) côtoie la maquette d’une maison-jardin à la structure métallique rectiligne aménagée avec de vraies plantes et celle de la maison transparente du parc de Vijversburg en Hollande, posée au niveau du sol. Regroupés par affinités électives, les projets forment des chapitres comme par exemple celui du « monde de l’enfance » et des « projets-nuages ». Dans les espaces ouverts et dépourvus de murs de la Fondation Cartier, la juxtaposition de petites et de grandes maquettes, ainsi que d’immenses collages et de dessins, créent une atmosphère tour à tour solennelle, onirique, joueuse ou calme.
Plus d’infos : https://www.fondationcartier.com/expositions/junya-ishigami

Exposition Wilfrid Almendra au CAB

Wilfrid Almendra  Because it dissolves in water
Du 8 juillet au 30 septembre 2018 au Centre d’Art Bastille

15 et 16 septembre 2018 : pour les journées Européennes du Patrimoine, visites commentées de l’exposition offertes à tous.

Dans le travail de Wilfrid Almendra les notions de partage, de liens, de connexions, d’échanges, d’idées et de matière sont au centre de tout.
Pour lui, prendre le temps de découvrir, prendre le temps de comprendre, prendre le temps d’écouter sont des notions fondamentales.

Préoccupé par le vivre ensemble, son travail révèle l’invisible, l’oubli, l’enfoui.
Fervent pratiquant d’une économie parallèle qu’il préfère à un système économique plus classique; l’échange, le troc, sont au cœur de sa manière de se procurer les matériaux qu’il utilise pour la réalisation de ses œuvres.
Il met en place une réciprocité, tant pratique et matérielle que temporelle. De là naissent alors des échanges rendus possibles uniquement par la dimension artistique de son travail.
Il donne ainsi à voir des pans entiers de mémoire collective : utopies urbaines avortées (Constant Nieuwenhuys), architectures de la réparation (Neutra, Saarinen ou C&R Eames) ou encore habitations de l’espace public reléguées à l’oubli (jardins ouvriers).

De son rapport à l’architecture nous trouvons ici ses Model Home (Sonata) (2012-2018). Présentées comme des pièces murales elles sont réalisées à partir de grilles anti-effraction, de mains courantes (qui donnent le rythme à la composition), de vitres, de bois, de métal… Ces matériaux ont été récupérés suite à la destruction d’une maison témoin, dans une zone rêvée pavillonnaire et transformée en zone industrielle.

Ces éléments viennent alors normer, définir le projet, mais n’empêchent nullement la re-création ou le ré-agencement de certaines d’entre elles.
Dans les années de l’après-guerre l’accession à la propriété, principalement de la classe moyenne, passe très souvent par l’achat d’une maison individuelle avec jardin. Très souvent, et donc en contradiction même avec ce souhait d’individualité, ces maisons sont standardisées pour une réduction de coûts.

Ces sculptures flirtent avec le diy dans une idée de minimalisme tout en rythme. Il serait incomplet de passer sous silence l’importance de la présence du verre, qui confère alors à ces installations une dimension christique, agissant à la manière de vitraux dont le jeu est rendu complet par les ombres portées desquelles notre regard ne peut échapper.

Because it dissolves in water transforme à son tour l’espace d’exposition en un tableau mouvant au grès de la journée et des passants. Conçue à partir de panneaux de verre venant de divers horizons (et c’est bien là un des enjeux) réunissant d’anciens verres d’une serre nantaise ou encore issu d’un troc avec une communauté marseillaise, encore marqué par leurs précédents usages (traces de terre, de colle, de peinture…) Wilfrid Almendra joue sur la transparence et la précarité de la construction (les panneaux de verres sont scotchés les uns aux autres) qu’il confronte à un propos plus lourd de sens, la création puis disparition puis récupération des jardins ouvriers, mais toujours tout en poésie.

L’obstruction de la partie basse de la grande baie vitrée révèle un format paysage et permet alors une dépeinte du passant qui vient activer l’installation en l’animant au travers du fait même de venir à la Bastille. En passant aux abords de cette installation, par l’extérieur, il permet au visiteur de l’exposition de découvrir un tableau se jouant en permanence dans une évanescence de chaque instant. Les vitres fonctionnant à la manière d’un filtre, d’un flou naturel, créent une ondulation du paysage.

Travailler sur l’idée des jardins ouvriers n’est pas un fait isolé dans le travail de l’artiste, car toujours, il cherche à mettre en avant, à réactualiser des pans entiers de notre société sans doute voués à l’oublis. Ces jardins apparus à la fin du XIXe siècle sont des parcelles de terrain situées sur l’espace public
et mis à disposition des habitants par les municipalités dans le but de pouvoir améliorer la qualité, le confort de vie des ouvriers. Ces jardins sont un espace de liberté totale, à la manière d’architectures du besoin, où on aime se retrouver le dimanche, en famille ou entre amis pour prendre le temps. Le temps de cultiver, le temps de discuter, le temps d’échanger. Ce sont ces notions qui intéressent le plus Wilfrid Almendra et qui sont la base de la création de ce projet aujourd’hui multi-formes, sujet à discussion, à re-découverte, à souvenirs. Au-delà de l’origine et de la provenance des matériaux, qui reste un élément fort dans la conception de l’œuvre, il y a surtout les notions de précarité et de liberté qui se trouvent au centre de tout.

Sur le dernier niveau du centre d’art nous surplombons une sculpture qui de prime à bord se fond parfaitement dans le lieu, se faisant presque oublier, mais une fois compris de quoi il s’agit, tout fait sens, tout au long de l’exposition, disséminés au sol, des câbles, noirs, présents mais légers à la fois convergent tous à cet espace.

Plastiquement, cette œuvre, une antenne en cuivre et bronze, glanés au fil du temps par une communauté puis ensuite fondus, agit comme un marqueur. Marqueur classique de la sculpture, s’oxydant avec le temps et atteignant alors les normes de canons de l’époque. En opposition radicale avec l’essence de l’objet, une antenne, produite en grande série en Chine et longtemps interdite en France. Nous sommes amenés à en faire le tour, à l’observer, presque dans une circulation divinatoire, mais l’enjeu de cette œuvre se trouve aussi ailleurs. De cet espace, l’invisible est fort, tue, contrariant presque la nécessité de la réalisation de cette installation. En dehors de cette sculpture qui ne ment aucunement sur celle qu’elle est, une autre dimension est ouverte, audible cette fois, mais uniquement de l’extérieur et de manière fort aléatoire. D’antenne nous venons à la radio et à la création, la compilation d’une multitude de bandes sonores réalisés par diverses connaissances de Wilfrid Almendra, toutes fruits de discussions, d’échanges, de rencontres, de découvertes, d’intéressements

à l’autre et de souhaits de retranscription sur un média encore libre et existant, mais pour combien de temps ? Une propagation d’histoires, poèmes, expérimentations, nappes sonores sont réalisés par différentes rencontres, histoires de vie, de projets entre l’artiste qui se pose ici en relai, comme cette antenne, et permet des fulgurances, toutes en légèreté, toujours, sans rien imposer, mais en suggérant, en invitant à la rencontre, à la discussion, à l’échange.

Et toujours en surplomb de la ville, à l’intérieur de laquelle il tente de s’immiscer mais sans rien imposer, jamais.


Wilfrid Almendra est un artiste franco-portugais, né en 1972 à Cholet. Il vit et travaille à Marseille.

Dans son travail, idées et matériaux sont inséparables. Son vocabulaire formel est issu de l’architecture, des formes et des surfaces avec lesquelles nous nous entourons. Les matériaux qu’il utilise proviennent le plus souvent de l’économie alternative, du troc et de l’échange. Ils mettent en tension des questions liées aux classes sociales, au désir de confort et à la capacité individuelle d’invention et de poésie trouvée au coeur des choses les plus normatives.

Il est diplômé de l’École des Beaux-arts de Lisbonne, de l’Academy of Fine Arts de Manchester et de l’École des Beaux-arts de Rennes en 2000.

Le travail de Wilfrid Almendra a été montré dans de nombreuses institutions en France et à l’étranger.
Plus d’infos : https://www.wilfridalmendra.com

Exposition « Absence » au château de la Veyrie

Exposition « Absence » Mémoire d’un lieu vacant 
Collection d’art actuel au château de la Veyrie
Exposition du 26 mai au 16 septembre 2018

Rompant avec la tonalité des trois éditions précédentes, le château de la Veyrie transforme, à l’occasion de la saison estivale culturelle 2018, ses pièces délabrées en appartements habités. Rendus à la lumière et au public depuis quatre ans le temps des expositions thématiques artistiques, les espaces du château deviennent pour l’édition 2018 lieux de vie fantomatiques, jalonnés de mobiliers épars, de souvenirs diffus, et de toute sorte d’objets d’agrément qui semblent voués à l’oubli.

Disposés çà et là au coin d’une table ou accrochés non loin d’un canapé dans le halo jaunâtre d’un vieil abat-jour, la plupart de ces objets puisent dans une collection d’art. À la fois éléments du décor et sujet de l’exposition, ils voisinent – relégués au rang de composants d’ambiance – avec d’autres objets, affectifs, emprunts de mémoire, ou bibelots décoratifs, semblables à ceux qui peuplent nos intérieurs domestiques. Cette proximité voit la frontière entre art et non art s’estomper. En affectant notre perception, elle questionne le statut de l’œuvre et nous renvoie aux appartements du collectionneur. Nombre de formes et support artistiques se trouvent rassemblés – différentes créations imprimées, sculptures, peintures, photographies, objets, œuvres sonores et multimédia – réalisés durant les dernières décennies et émanant d’artistes de notoriété variable.

Jouant du contraste entre emménagement et dénuement du château, Absence fait discrètement référence aux lieux de résidence vétustes ou abandonnés, fastueux en leur temps, érigés en place d’art telle la villa Cameline pour n’en citer qu’un, non sans similitude avec la résidence secondaire des Keller à la belle époque.

En cet été 2018, les salles de la Veyrie se muent donc en décor dont les traces de vie jettent un pont entre deux âges, entre présences passées et vacances d’aujourd’hui, entre l’ère de la modernité industrielle à laquelle les Keller œuvrèrent là, entourés de leurs proches familles et collaborateurs, et le siècle actuel qui, si les efforts de la ville de Bernin aboutissent, érigera durablement le public en nouvel occupant du lieu.

Gilles Fourneris Commissaire d’exposition

Entrée libre samedi et dimanche de 14h à 19h
Ouverture sur demande : veyrie@bernin.fr