Renaissance de l’association

Nous étions nombreux vendredi pour la réouverture festive du Magasin.
Notre association félicite Céline Kopp, directrice du Magasin et son équipe, tous les artistes qui ont engagé la saison autour de la programmation « la position de l’amour ».

Le vernissage fut une réussite.

Notre association a eu le plaisir de recueillir des dizaines d’adhésions et réadhésions, autant de marques d’intérêt pour la réouverture du CNAC de Grenoble et pour les futures initiatives de l’association. 

Nous remercions celles et ceux qui ont dit oui au soutien au Magasin.
Nous appelons les lecteurs de ce petit mot à adhérer aux Amis du Magasin

Notre bureau (quatre d’entre nous) va rencontrer très prochainement la direction du Magasin puis convoquer une assemblée générale pour qu’ensemble nous construisions l’avenir de nos activités auprès de l’équipe du Magasin.

Vous pouvez d’ores et déjà nous faire part de vos attentes et propositions.
Tout est à construire.
Vous pouvez également contribuer à élargir notre association en invitant à adhérer.

Très cordialement

Le bureau des Amis du Magasin

Réouverture !

Chers Amis du Magasin

Le 18 Novembre, Céline Kopp directrice du magasin, rouvre celui-ci pour notre plus grand bonheur.
Une table d’inscription aux Amis de Magasin recueillera les adhésions de tous ceux qui veulent soutenir cette belle institution, trop longtemps mise en sommeil.
Nous vous espérons nombreux ce vendredi à 18h30 au Magasin

Sylvie Berthemy, présidente jusqu’aux prochaines élections.

Exposition Minia Baniany au Magasin des Horizons

Chers amis

Je brise ce trop long silence éditorial pour vous convier fortement à aller vous immerger dans l’exposition de Minia Babiany, jeune artiste de 32 ans.

Les circonstances exceptionnelles (jugées après coup comme telles) dans lesquelles j’ai pu la voir*, m’ont conduite à vous livrer quelques réflexions strictement personnelles.

Un moucharabieh de terre noire, grasse, sensuelle ; posé à même le sol, impose un temps d’arrêt, nécessaire à une vue d’ensemble de l’œuvre.

C’est une injonction implicite, silencieuse, à la dégustation du moment, à la lenteur, à la précaution de ce que trop souvent l’on foule sans conscience.

Bref, on ne peut courir le lieu au pas de charge, sans risquer de détruire l’harmonie du sol et en perdre son sens poétique.

Quelques petits tessons anodins semés de ci de là, racontent leurs histoires ainsi que des paniers d’osier quelque peu calcinés.

C’est par eux que se poursuit la longue déambulation de chacun dans sa petite histoire, dans la grande histoire et dans celle plus vaste de notre planète.

C’est l’une des fonctions essentielles de l’art que de permettre l’évasion, le rêve, l’exil, qui sont les garants que l’on se sente partout chez soi.

Si la phrase : « Les papillons provoquent la cécité quand ils soufflent dans vos oreilles » l’intitulé de l’exposition : « j’ai tué le papillon dans mon oreille » nous décille vraiment pour peu que l’on s’en imprègne.

Cette « traversée sonore et physique vers un au-delà », dépasse largement celui de son archipel : la Caraïbe.

Sylvie Berthemy

(*Seule pendant 1heure dans l’exposition)


Minia Babiany
Née en 1988 à Basse-Terre en Guadeloupe, elle vit et travaille à Mexico et en Guadeloupe.
Diplômée de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon, elle participe depuis 2011 à plusieurs expositions collectives et personnelles entre autres en France, au Mexique, au Costa Rica, en Colombie, en Allemagne, en Suède.
Elle est lauréate du prix Sciences Po pour l’art contemporain 2019.

Télécharger le communiqué de presse…

Exposition du 20 janvier au 7 juin 2020

 

Exposition Junya Ishigami à la fondation Cartier

Exposition Junya Ishigami, Freeing Architecture .
Du 30 mars au 9 septembre 2018

Des maquettes comme œuvres architecturales

Dans Freeing Architecture, Junya Ishigami développe ses recherches les plus récentes sur la fonction, la forme, l’échelle et l’environnement en architecture, esquissant ainsi sa vision du futur du premier art. À travers plus de quarante maquettes ainsi que de nombreux films et dessins, l’exposition présente une vingtaine de projets, de leur genèse à leur complexe processus de réalisation. Loin d’être des outils de travail préalables à la construction, les maquettes réunies dans l’exposition ont été réalisées pour l’occasion. On devine, en contemplant ces œuvres façonnées à la main et assemblées dans le studio de l’architecte pendant près d’un an, les nombreuses étapes et le travail minutieux qui ont conduit à leur apparence finale. Toutes différentes par leurs matériaux, leurs dimensions et leur niveau de détail, elles offrent un aperçu de la lente maturation nécessaire à la création des œuvres architecturales de Junya Ishigami. Des œuvres dont la dimension poétique repose sur l’expérimentation autant que sur la théorie, le savoir et la technologie.

L’architecture comme phénomène naturel

Véritable ode à la liberté, l’exposition Freeing Architecture démontre l’étonnante capacité de Junya Ishigami à penser sa pratique hors des limites du savoir-faire et de la pensée architecturale. Elle invite à un voyage dans l’imaginaire de l’artiste, révélant une pluralité de mondes poétiques et sensibles. Une ligne dessinée dans le ciel esquisse un monument (Sydney Cloud Arch, Sydney, Australie), un collage d’illustrations et de dessins pour enfants sert de motif au toit d’un jardin d’enfants (Forest Kindergarten, Shandong, Chine). Junya Ishigami aime à penser que l’architecture peut se former naturellement, à l’image d’une pierre qui se construit dans le temps, par sédimentation et érosion. Un projet de restaurant et d’habitation pour un chef dans le sud du Japon est envisagé « comme un rocher » (House and Restaurant, Yamaguchi, Japon). Entre terre et ciel, un lieu semi-ouvert pour les étudiants d’une université évoque un ciel changeant barré par un horizon imaginaire (University Multipurpose Hall, Kanagawa, Japon).

Un nouveau paysage

Junya Ishigami conçoit l’environnement alentour comme une partie intégrante de chacun de ses projets. Il intègre le paysage dans son travail, le magnifiant toujours et allant même jusqu’à le transformer, comme dans son projet de lac artificiel à Rizhao en Chine dessiné pour laisser passer, en son milieu, une longue promenade d’un kilomètre ; ou dans celui de forêt à Tochigi au Japon pour lequel plus de trois cent arbres ont été déplacés de leur emplacement d’origine et replantés sur un terrain à proximité.

Pensée elle-même comme un projet architectural, l’exposition Freeing Architecture prend tout son sens au sein de l’environnement pour lequel elle a été imaginée : le bâtiment de Jean Nouvel entouré du jardin de Lothar Baumgarten. Minutieusement scénographiée, l’exposition dessine dans chaque salle un nouveau paysage, laissant le visiteur se promener le long d’un chemin sinueux et découvrir sans cesse de nouvelles perspectives. La gigantesque reproduction à l’échelle 1/10 d’une très haute église toute en courbes (Chapel of Valley, Rizhao, Chine) côtoie la maquette d’une maison-jardin à la structure métallique rectiligne aménagée avec de vraies plantes et celle de la maison transparente du parc de Vijversburg en Hollande, posée au niveau du sol. Regroupés par affinités électives, les projets forment des chapitres comme par exemple celui du « monde de l’enfance » et des « projets-nuages ». Dans les espaces ouverts et dépourvus de murs de la Fondation Cartier, la juxtaposition de petites et de grandes maquettes, ainsi que d’immenses collages et de dessins, créent une atmosphère tour à tour solennelle, onirique, joueuse ou calme.
Plus d’infos : https://www.fondationcartier.com/expositions/junya-ishigami

Exposition Wilfrid Almendra au CAB

Wilfrid Almendra  Because it dissolves in water
Du 8 juillet au 30 septembre 2018 au Centre d’Art Bastille

15 et 16 septembre 2018 : pour les journées Européennes du Patrimoine, visites commentées de l’exposition offertes à tous.

Dans le travail de Wilfrid Almendra les notions de partage, de liens, de connexions, d’échanges, d’idées et de matière sont au centre de tout.
Pour lui, prendre le temps de découvrir, prendre le temps de comprendre, prendre le temps d’écouter sont des notions fondamentales.

Préoccupé par le vivre ensemble, son travail révèle l’invisible, l’oubli, l’enfoui.
Fervent pratiquant d’une économie parallèle qu’il préfère à un système économique plus classique; l’échange, le troc, sont au cœur de sa manière de se procurer les matériaux qu’il utilise pour la réalisation de ses œuvres.
Il met en place une réciprocité, tant pratique et matérielle que temporelle. De là naissent alors des échanges rendus possibles uniquement par la dimension artistique de son travail.
Il donne ainsi à voir des pans entiers de mémoire collective : utopies urbaines avortées (Constant Nieuwenhuys), architectures de la réparation (Neutra, Saarinen ou C&R Eames) ou encore habitations de l’espace public reléguées à l’oubli (jardins ouvriers).

De son rapport à l’architecture nous trouvons ici ses Model Home (Sonata) (2012-2018). Présentées comme des pièces murales elles sont réalisées à partir de grilles anti-effraction, de mains courantes (qui donnent le rythme à la composition), de vitres, de bois, de métal… Ces matériaux ont été récupérés suite à la destruction d’une maison témoin, dans une zone rêvée pavillonnaire et transformée en zone industrielle.

Ces éléments viennent alors normer, définir le projet, mais n’empêchent nullement la re-création ou le ré-agencement de certaines d’entre elles.
Dans les années de l’après-guerre l’accession à la propriété, principalement de la classe moyenne, passe très souvent par l’achat d’une maison individuelle avec jardin. Très souvent, et donc en contradiction même avec ce souhait d’individualité, ces maisons sont standardisées pour une réduction de coûts.

Ces sculptures flirtent avec le diy dans une idée de minimalisme tout en rythme. Il serait incomplet de passer sous silence l’importance de la présence du verre, qui confère alors à ces installations une dimension christique, agissant à la manière de vitraux dont le jeu est rendu complet par les ombres portées desquelles notre regard ne peut échapper.

Because it dissolves in water transforme à son tour l’espace d’exposition en un tableau mouvant au grès de la journée et des passants. Conçue à partir de panneaux de verre venant de divers horizons (et c’est bien là un des enjeux) réunissant d’anciens verres d’une serre nantaise ou encore issu d’un troc avec une communauté marseillaise, encore marqué par leurs précédents usages (traces de terre, de colle, de peinture…) Wilfrid Almendra joue sur la transparence et la précarité de la construction (les panneaux de verres sont scotchés les uns aux autres) qu’il confronte à un propos plus lourd de sens, la création puis disparition puis récupération des jardins ouvriers, mais toujours tout en poésie.

L’obstruction de la partie basse de la grande baie vitrée révèle un format paysage et permet alors une dépeinte du passant qui vient activer l’installation en l’animant au travers du fait même de venir à la Bastille. En passant aux abords de cette installation, par l’extérieur, il permet au visiteur de l’exposition de découvrir un tableau se jouant en permanence dans une évanescence de chaque instant. Les vitres fonctionnant à la manière d’un filtre, d’un flou naturel, créent une ondulation du paysage.

Travailler sur l’idée des jardins ouvriers n’est pas un fait isolé dans le travail de l’artiste, car toujours, il cherche à mettre en avant, à réactualiser des pans entiers de notre société sans doute voués à l’oublis. Ces jardins apparus à la fin du XIXe siècle sont des parcelles de terrain situées sur l’espace public
et mis à disposition des habitants par les municipalités dans le but de pouvoir améliorer la qualité, le confort de vie des ouvriers. Ces jardins sont un espace de liberté totale, à la manière d’architectures du besoin, où on aime se retrouver le dimanche, en famille ou entre amis pour prendre le temps. Le temps de cultiver, le temps de discuter, le temps d’échanger. Ce sont ces notions qui intéressent le plus Wilfrid Almendra et qui sont la base de la création de ce projet aujourd’hui multi-formes, sujet à discussion, à re-découverte, à souvenirs. Au-delà de l’origine et de la provenance des matériaux, qui reste un élément fort dans la conception de l’œuvre, il y a surtout les notions de précarité et de liberté qui se trouvent au centre de tout.

Sur le dernier niveau du centre d’art nous surplombons une sculpture qui de prime à bord se fond parfaitement dans le lieu, se faisant presque oublier, mais une fois compris de quoi il s’agit, tout fait sens, tout au long de l’exposition, disséminés au sol, des câbles, noirs, présents mais légers à la fois convergent tous à cet espace.

Plastiquement, cette œuvre, une antenne en cuivre et bronze, glanés au fil du temps par une communauté puis ensuite fondus, agit comme un marqueur. Marqueur classique de la sculpture, s’oxydant avec le temps et atteignant alors les normes de canons de l’époque. En opposition radicale avec l’essence de l’objet, une antenne, produite en grande série en Chine et longtemps interdite en France. Nous sommes amenés à en faire le tour, à l’observer, presque dans une circulation divinatoire, mais l’enjeu de cette œuvre se trouve aussi ailleurs. De cet espace, l’invisible est fort, tue, contrariant presque la nécessité de la réalisation de cette installation. En dehors de cette sculpture qui ne ment aucunement sur celle qu’elle est, une autre dimension est ouverte, audible cette fois, mais uniquement de l’extérieur et de manière fort aléatoire. D’antenne nous venons à la radio et à la création, la compilation d’une multitude de bandes sonores réalisés par diverses connaissances de Wilfrid Almendra, toutes fruits de discussions, d’échanges, de rencontres, de découvertes, d’intéressements

à l’autre et de souhaits de retranscription sur un média encore libre et existant, mais pour combien de temps ? Une propagation d’histoires, poèmes, expérimentations, nappes sonores sont réalisés par différentes rencontres, histoires de vie, de projets entre l’artiste qui se pose ici en relai, comme cette antenne, et permet des fulgurances, toutes en légèreté, toujours, sans rien imposer, mais en suggérant, en invitant à la rencontre, à la discussion, à l’échange.

Et toujours en surplomb de la ville, à l’intérieur de laquelle il tente de s’immiscer mais sans rien imposer, jamais.


Wilfrid Almendra est un artiste franco-portugais, né en 1972 à Cholet. Il vit et travaille à Marseille.

Dans son travail, idées et matériaux sont inséparables. Son vocabulaire formel est issu de l’architecture, des formes et des surfaces avec lesquelles nous nous entourons. Les matériaux qu’il utilise proviennent le plus souvent de l’économie alternative, du troc et de l’échange. Ils mettent en tension des questions liées aux classes sociales, au désir de confort et à la capacité individuelle d’invention et de poésie trouvée au coeur des choses les plus normatives.

Il est diplômé de l’École des Beaux-arts de Lisbonne, de l’Academy of Fine Arts de Manchester et de l’École des Beaux-arts de Rennes en 2000.

Le travail de Wilfrid Almendra a été montré dans de nombreuses institutions en France et à l’étranger.
Plus d’infos : https://www.wilfridalmendra.com

Exposition « Absence » au château de la Veyrie

Exposition « Absence » Mémoire d’un lieu vacant 
Collection d’art actuel au château de la Veyrie
Exposition du 26 mai au 16 septembre 2018

Rompant avec la tonalité des trois éditions précédentes, le château de la Veyrie transforme, à l’occasion de la saison estivale culturelle 2018, ses pièces délabrées en appartements habités. Rendus à la lumière et au public depuis quatre ans le temps des expositions thématiques artistiques, les espaces du château deviennent pour l’édition 2018 lieux de vie fantomatiques, jalonnés de mobiliers épars, de souvenirs diffus, et de toute sorte d’objets d’agrément qui semblent voués à l’oubli.

Disposés çà et là au coin d’une table ou accrochés non loin d’un canapé dans le halo jaunâtre d’un vieil abat-jour, la plupart de ces objets puisent dans une collection d’art. À la fois éléments du décor et sujet de l’exposition, ils voisinent – relégués au rang de composants d’ambiance – avec d’autres objets, affectifs, emprunts de mémoire, ou bibelots décoratifs, semblables à ceux qui peuplent nos intérieurs domestiques. Cette proximité voit la frontière entre art et non art s’estomper. En affectant notre perception, elle questionne le statut de l’œuvre et nous renvoie aux appartements du collectionneur. Nombre de formes et support artistiques se trouvent rassemblés – différentes créations imprimées, sculptures, peintures, photographies, objets, œuvres sonores et multimédia – réalisés durant les dernières décennies et émanant d’artistes de notoriété variable.

Jouant du contraste entre emménagement et dénuement du château, Absence fait discrètement référence aux lieux de résidence vétustes ou abandonnés, fastueux en leur temps, érigés en place d’art telle la villa Cameline pour n’en citer qu’un, non sans similitude avec la résidence secondaire des Keller à la belle époque.

En cet été 2018, les salles de la Veyrie se muent donc en décor dont les traces de vie jettent un pont entre deux âges, entre présences passées et vacances d’aujourd’hui, entre l’ère de la modernité industrielle à laquelle les Keller œuvrèrent là, entourés de leurs proches familles et collaborateurs, et le siècle actuel qui, si les efforts de la ville de Bernin aboutissent, érigera durablement le public en nouvel occupant du lieu.

Gilles Fourneris Commissaire d’exposition

Entrée libre samedi et dimanche de 14h à 19h
Ouverture sur demande : veyrie@bernin.fr

Exposition Jeanne Susplugas au Centre d’Art Bastille

Exposition Jeanne Susplugas She’s lost control again
Exposition du 29 avril au 24 juin 2018
Vernissage le samedi 28 avril 2018 entre 18h et 21h

She’s lost control again est la première exposition personnelle de Jeanne Susplugas à Grenoble. Pour cette exposition au Centre d’art bastille, elle présente un ensemble d’œuvres qui permettent d’appréhender les différentes facettes de son travail.

L’œuvre de Jeanne Susplugas s’articule autour de l’enfermement, de la souffrance discrète que secrète la vie domestique ou familiale, des addictions. Sa démarche fait souvent appel aux récits ou aux histoires personnelles, qu’elle collecte pour mieux ausculter les maux de la société.
Explorant la figure de la maison, du foyer, entendu à la fois comme lieu de protection contre un monde extérieur potentiellement hostile, et comme lieu de repli sur soi, de claustration, voire de huis-clos et de violence, Jeanne Susplugas se penche aussi sur le motif du médicament qui, anxiolytique ou barbiturique, vient former un contrepoint à cette souffrance discrète en même temps qu’elle en constitue la métonymie.
Loin d’être démonstratif, le travail de Susplugas entretient un rapport en apparence ténu avec ce qu’il énonce, et présente le plus souvent une forme minimaliste, dont les corps sont presque toujours absents. Ses œuvres semblent neutres, voire séduisantes ou ludiques au premier abord, et il faut les approcher, au sens propre comme au sens figuré, pour pouvoir observer le message qu’elles délivrent. C’est ce qui leur donne toute leur dimension, et permet de renforcer l’idée selon laquelle derrière les surfaces ou les façades lisses, peuvent se dissimuler la souffrance ou l’addiction.

Certaines pièces de l’exposition ont adopté cette forme minimaliste. C’est le cas de Nature morte (2015-2017) qui, dans un matériau – la céramique – uniformément blanc, immaculé, figure des corbeilles de fruits dans lesquelles ont été discrètement posés des médicaments qui semblent ainsi s’inscrire de manière définitive dans le paysage domestique. C’est aussi le cas de la pièce intitulée Graal (2013, collection privée), qui figure un comprimé de Lexomil (célèbre anxiolytique) de 12cm de haut, en cristal, lequel, sectionné en trois parties, semble prêt à être consommé. C’est encore le cas
de Light House (2013), cage de lumière ovoïde de 2,80m de haut dans laquelle le visiteur est invité à s’installer de manière à en éprouver le son sourd et la lumière blanche, le renvoyant sur un mode soft à la solitude, aux fausses promesses des drogues douces, à l’expérience de la dépendance.

D’autres œuvres, plus récentes, semblent faire plus directement écho au titre de l’exposition, She’s lost control again – (« elle a à nouveau perdu le contrôle ») – emprunté au titre d’une chanson écrite par Ian Curtis et interprétée par Joy Division : dans ces pièces, Susplugas brise le carcan de la discrétion et du minimalisme bienséant, et le fait littéralement exploser.


Jeanne Susplugas est née en 1974, à Montpellier.
Elle vit et travaille à Paris.
Elle est titulaire d’un doctorat d’Histoire de l’art de la Sorbone, Paris (2000).

Le travail de Jeanne Susplugas a été montré dans de nombreuses institutions en France et à l’étranger dont la Villa Médicis (Rome), la Maison Rouge-Fondation Antoine de Galbert (Paris), le Palais de Tokyo (Paris), le Musée d’Art Moderne de St Etienne, le Musée de Grenoble, le KW à Berlin, Pioneer Works à Brooklyn, la Emily Harvey Foundation à New York, la Maréchalerie centre d’art à Versailles, le Palazzo delle Papesse à Sienne, le Fresnoy National Studio, le Musée en plein air du Sart Tillman à Liège, le Shanghai 21st Century Minsheng Art Museum, le FRAC Haute-Normandie, la Margaret Lauwence gallery de Melbourne, la Marymount Manhattan College Hewitt Gallery à New York, le Centre d’art Le Lait à Albi, Art in General à New York, Magacin gallery de Belgrade, le Wyspa Institut of Art à Gdansk, La Piscine-Musée d’Art et d’Industrie à Roubaix, au MOCCA de Toronto ainsi qu’à l’occasion d’évènements tels Constellation (pré-ouverture du Centre Pompidou-Metz), Dublin-Contemporary, la Biennale d’Alexandrie, l’International Videonale à Detroit, au Dashanzi International Art Festival ou Nuit Blanche à Paris.

Télécharger le communiqué de presse de l’exposition :
http://www.cab-grenoble.net/pdf/cp_jeanne_2018.pdf


Infos pratiques
L’exposition sera ouverte tous les jours sauf le mardi de 11h à 18h.

Pour bénéficier gratuitement du téléphérique entre 18h et 20h le soir du vernissage, une contremarque sera téléchargeable sur le site internet du CAB :
https://cab-grenoble.net/pdf/contremarque_jeanne.pdf

Académie de la marche : Je marche donc nous sommes

Le MAGASIN des Horizons continue sa longue marche. Le centre d’art propose un nouveau volet de son vaste projet rhizomique : L’ACADÉMIE DE LA MARCHE dans ses propres locaux sis Site Bouchayer-Viallet. Une nouvelle occasion de croiser travaux d’artistes issus de différentes disciplines, images d’archives et performances marchées sur le territoire. Un ensemble complet qui laisse place aux artistes tout en rendant visible l’extraordinaire créativité des citoyen.nes engagé.es !

Exposition du 26 avril au 14 octobre 2018

Avec Francis Alÿs, Guillaume Barborini, Trisha Brown, Pamina de Coulon, Pauline Delwaulle & Sébastien Cabour , Fabian Foort, Marco Godihho, Clarisse Hahn, Ici-Même Grenoble, Katia Kameli, Corita Kent, Anthony Merlaud & Thibaut Lecront, Anne-Marie Louvet, Bastien Mignot, Bruno Moyen, Jean-Christophe Norman, Yoko Ono, Patricio Pardo Avalos, Johanna Rocard, Matthieu Saladin, Michel Szempruch, Beatriz Toledo & Carolina E. Santo, Endre Tót,  Anne-Sophie Turion & Pia de Compiègne.

La proposition Je marche donc nous sommes décline le versant revendicatif de la marche et examine la manifestation, le défilé, la parade dans ses aspects matériels, historiques et prospectifs. Si la manifestation emprunte dans sa forme aux cortèges processionnels, religieux, corporatifs et festifs, elle s’invente avec le développement urbain et l’invention de la rue !

L’expression revendicative prend forme par nombre d’éléments visibles et créatifs : banderoles, pancartes, chants et slogans… L’humour et la dérision vont de pair avec ces grands et petits rassemblements. Tout est bon pour se faire entendre et surtout voir.

Venant souder la communauté, la marche revendicative est assurément un antidote à l’individualisme et un acte de résistance à l’esprit du temps : l’accélération. La marche est donc bien à envisager comme un mouvement de contre-culture en réaction à la désintégration post-industrielle et postmoderne de l’espace, du temps, du corps. Aussi, ce n’est pas un hasard si les minorités et notamment les artistes se sont emparés de la marche comme medium artistique.


Entrée : prix libre

Ouvert du mercredi au dimanche, de 14h à 18h
Ouvert les jours fériés : jeudi 10 mai et samedi 14 juillet
Nocturne : Nuit des Musées, samedi 19 mai, de 14h à 22h
Fermeture estivale du 16 juillet au 21 août

Visites commentées et groupes
Renseignements : public@magasin-cnac.org

Édito fin d’hiver

Chers amis,

J’espère que les marches et bivouacs divers ont pu ponctuer votre hiver « artistique ».

Les Expos :

Pour ce qui est du « local » je vous invite à vous intéresser à :

L’artiste Marco Godinho, invité du Magasin, qui a réalisé un workshop avec des étudiants de l’Esad (Ecole supérieure d’art et de design de Grenoble) de Grenoble du 5 au 9 mars, coordonné par Patricia Brignone dans le cadre de son cours Art-action. Le résultat dont le titre est : « une marche est une marche est une marche », a donné lieu à divers protocoles de marches fort bien imaginés par les étudiants avec beaucoup d’humour, de rêveries et de qustions posées sur notre société contemporaine.

Je vous invite à très vite retirer ces protocoles dans les locaux de l’école, 25 rue Lesdiguières et à en rendre compte aux étudiants si vous en pratiquez un.

Surtout, ne pas oublier le bivouac 8 :

Rendez-vous vendredi 16 mars à 19h au Musée du temps libre à Saint-Martin-d’Hères pour une série de projections de vidéos d’artistes qui prennent la marche comme objet premier d’expérimentation, suivie d’une rencontre avec Gabrielle Boulanger (archAologue), Philippe Bellanger (marcheur zen) et Lindsey Wainwright (chercheuse marcheuse).

PROJECTIONS VIDÉOS DE :

  • Fayçal BaghricheLe sens de la marche, 2002
  • Guido van der WerveNummer acht Everything is going to be alright, 2007

RENCONTRES AVEC : 

Gabrielle Boulanger (archAologue) / Artiste associée au MAGASIN des horizons.

Elle s’intéresse au potentiel qu’offre la démarche artistique lorsqu’elle investit d’autres espaces que ceux qui lui sont traditionnellement réservés. Elle développe ainsi ses recherches en interaction avec des territoires habités. D’une posture d’observation et d’écoute envers ce(ux) qui les habite(nt), différents dispositifs sont alors déployés, toujours dans un soucis de rencontrer l’auteur qui est en l’autre et de favoriser la fabrique possible d’un commun.
En 2016, elle fonde Le Musée du temps libre et œuvre à réaliser des Portraits de temps libre avec des personnes de divers horizons en vue de former une collection qui valorise des manières singulières de vivre le temps libre. Ce musée a une dimension profondément sociale et participative : il co-construit à la fois la matière exposée et sa monstration avec le public.

Philippe Bellanger (marcheur zen)

Ordonné moine enseignant par le Maître Zen Ryotan Tokuda, Philippe Bellanger pratique la méditation Zen auprès de Maîtres Japonais depuis 40 ans. Depuis 2009, il anime le Groupe Zen de l’éveil qui se réunit toutes les semaines à la Maison des habitants Chorier Berriat à Grenoble et à Annecy dans la structure « A chacun son Everest ». Suite à ses études aux Beaux Arts d’Angers, il à passé un an à Venise à l’UNESCO puis est parti plusieurs années au Japon. De retour en France il devient professeur aux Beaux Arts de Tours, entre à la Galerie du VIA à Paris, travaille avec Jean De Loisy au centre d’art contemporain des Pays de la Loire. Montagnard dans l’âme, il s’installe en Isère en 2001, restaure un vieux moulin et commence là une nouvelle manière d’être artiste, moine et montagnard.

Lindsey Wainwright, chercheuse marcheuse

Chercheuse-marcheuse Lindsey Wainwright est née en 1986 dans un parking marécageux d’un côté de l’Atlantique, et habite depuis une dizaine d’années dans une friche montagnarde de l’autre. Elle marche, elle lit, elle chante, elle traduit, elle médite, et elle chuchote en américain aux animaux. Dans ses recherches, elle s’intéresse à la ville, à sa représentation et à sa pratique, et au commun. Dans sa vie, elle aime la poésie, la vie en communauté, la randonnée, le parcours esthétique, et les tentatives d’exploser les limites de ce qu’on croyait possible.

Une soirée organisée par le MAGASIN des horizons en collaboration avec le Musée du temps libre.


Pour ce qui est du « national » je vous invite à vous intéresser aux expositions de la Maison rouge,

Ceija Stojka (1933-2013)
Une artiste Rom dans le siècle

du 23 février au 20 mai 2018


Texte de l’expo : « Ceija Stojka est née en Autriche en 1933, cinquième d’une fratrie de six enfants dans une famille de marchands de chevaux rom d’Europe Centrale, issue des Lovara. Déportée à l’âge de dix ans, parce que Rom, avec sa mère Sidonie et d’autres membres de sa famille, elle survit à trois camps de concentration, Auschwitz-Birkenau, Ravensbrück et Bergen-Belsen.
C’est seulement quarante ans plus tard, en 1988, à l’âge de cinquante-cinq ans, qu’elle ressent le besoin et la nécessité d’en parler ; elle se lance dans un fantastique travail de mémoire et, bien que considérée comme analphabète, écrit plusieurs ouvrages poignants, dans un style poétique et très personnel, qui font d’elle la première femme rom rescapée des camps de la mort à témoigner de son expérience concentrationnaire contre l’oubli et le déni, contre le racisme ambiant.

Son œuvre peinte ou dessinée, réalisée en une vingtaine d’années, sur papier, carton fin ou toile, compte plus d’un millier de pièces. Ceija peignait tous les jours, dans son appartement de la Kaiserstrasse à Vienne.
On note deux axes dans son travail pictural : la représentation, sans omettre les détails, des années terribles de guerre et de captivité endurées par sa famille, par son peuple ; en parallèle elle peint des paysages colorés idylliques, évocations des années d’avant-guerre, quand la famille Stojka, avec d’autres Roms, vivait heureuse et libre en roulotte dans la campagne autrichienne. »

Black Dolls, la collection Deborah Neff

Texte de l’expo :  «  Black Dolls  montre pour la première fois hors des États-Unis la collection Deborah Neff, un ensemble exceptionnel de près de 200 poupées noires créées par des Afro-Américain.e.s anonymes dans les années 1840-1940. Cette collection non seulement révèle des poupées en tissu, bois ou cuir dont la beauté et la diversité sont extraordinaires, mais elle raconte aussi une histoire culturelle, politique et intime inédite des hommes et des femmes noires américaines, de la maternité et de l’enfance.

Pendant près d’un siècle, entre 1840 et 1940, des hommes et une majorité de femmes Afro-Américaines, ont conçu et fabriqué des poupées pour leurs propres enfants, ou les enfants que celles-ci gardaient. Deborah Neff, une avocate de la Côte Est, a bâti en vingt-cinq ans la collection de ces poupées la plus ample et la plus rigoureuse qui ait jamais existé : elle a patiemment mis au jour ces 200 objets considérés jusque-là comme des artefacts domestiques indignes de mémoire, pour en constituer un ensemble dont la beauté, la richesse formelle, l’originalité – en un mot, la valeur artistique – s’imposent puissamment. S’y ajoute un fonds de 80 photographies d’époque, représentant des enfants posant avec leurs poupées entre la période de l’avant- Guerre de Sécession jusqu’au milieu du XXe siècle. »

Sans oublier l’œuvre de Lionel Sabatté dans le patio.

Cet artiste, je vous le rappelle, a été l’invité de la « résidence à Saint Ange » à Seyssins de février à avril 2016 ce qui a donné lieu à une belle expo à l’Esad de Grenoble

Sylvie Berthemy
Présidente