Du 6 au 11 octobre 2024, un groupe de dix-huit membres des Amis du Magasin s’est rendu à Venise pour visiter la soixantième Biennale d’Art Contemporain. Alors que l’Italie ne laisse plus entrer les étrangers sur son territoire, le thème de la Biennale surprend : Stranieri Ovunque, foreigners everywhere – Des étrangers Partout. C’est sans doute l’un des paradoxes de la démocratie d’autoriser une manifestation sur ce thème brûlant ; c’est une marque de la liberté de l’art de s’engager sur un sujet d’actualité, commun à tous les pays du monde.
Le curateur de la Biennale, le brésilien Adriano Pedrosa, a choisi d’inviter en priorité des artistes issus des peuples premiers, des représentants de minorités ethniques, de minorités sexuelles. Connus dans leur pays, la plupart d’entre eux n’ont jamais eu la possibilité de présenter leurs œuvres à un niveau international. Parmi eux cependant, on trouve des artistes connus. Ainsi Julien Creuzet, originaire de la Martinique, présente son travail au pavillon français après avoir exposé au Magasin à Grenoble et avoir élaboré son travail pour la Biennale avec le soutien de ce lieu.
La Biennale de Venise se déroule dans deux lieux : Les Giardini et l’Arsenal . Cette année, 90 pays étaient représentés.
Dans les Giardini, le pavillon international est bien visible à cause de sa façade multicolore. Celle-ci a été décorée par un collectif d’artistes amazoniens. À l’intérieur de ce pavillon, beaucoup de dessins étaient si simples et si naïfs qu’un enfant aurait pu en être l’auteur. D’autres travaux ressemblaient plus à de l’artisanat qu’à de l’art contemporain. Dans ce lieu, on pouvait voir beaucoup de vidéos sur l’immigration, des vidéos qui traitent de la détresse des migrants à leur arrivée, de la façon dont les pays les accueillent, leur permettent ou pas de devenir des citoyens à part entière et même des représentants de leur art.
Dans les Giardini comme à l’Arsenal, certaines œuvres étaient très abstraites comme celle de l’Australie, toute en noir et blanc sur le thème de l’extermination des Aborigènes ; l’Ukraine présentait des vidéos prises par une fenêtre lors des attaques russes et certaines personnes pleuraient en les regardant ; d’autres œuvres étaient ennuyeuses…. Manal Al Dowayan, artiste saoudienne, présentait une œuvre qui m’a particulièrement plu. Sur d’énormes roses des sables en toile de jute entre lesquelles le visiteur pouvait circuler sont écrites à l’encre noire de nombreux textes que l’artiste a recueillis au cours d’ateliers participatifs avec des femmes saoudiennes. Les chants et les dessins de ces femmes sont eux aussi inclus dans l’œuvre présentée.
Ce qui m’a le plus touchée dans ce séjour, c’est Venise elle-même, surgie de la mer, qui lutte maintenant contre elle.